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Le fractionnement des ingrédients : le mythe de la viande en premier

Découvrez comment le fractionnement des ingrédients cache la réalité des étiquettes de croquettes. Apprenez à déjouer les tactiques marketing pour votre animal.

Kylosi Editorial Team

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Pet Care & Animal Wellness

26 déc. 2025
7 min de lecture
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Golden Retriever assis dans une cuisine moderne ensoleillée regardant une assiette de saumon frais et de myrtilles à côté d un sac de nourriture pour chiens.

Pour de nombreux propriétaires de chiens et chats en Belgique, le premier réflexe lors de l'achat de croquettes chez Tom&Co ou Maxi Zoo est de vérifier si la viande figure en haut de la liste. On nous a appris que c'est le gage d'une alimentation de qualité. Pourtant, cette règle d'or est souvent contournée par une astuce marketing redoutable : le fractionnement des ingrédients. En divisant une source de glucides bon marché en plusieurs composants plus petits, les fabricants parviennent à faire remonter artificiellement la viande en première position. Cet article vous apprendra à lire entre les lignes des étiquettes pour découvrir ce que mange réellement votre compagnon.

Qu'est-ce que le fractionnement des ingrédients ?

Le fractionnement des ingrédients est une méthode autorisée par les réglementations européennes, mais qui peut induire le consommateur en erreur. En pratique, il s'agit de prendre un ingrédient dominant, souvent une céréale ou une légumineuse, et de le diviser en plusieurs sous-produits listés séparément. Par exemple, au lieu d'afficher « Maïs : 40 % », un fabricant pourra lister : « Farine de maïs », « Gluten de maïs » et « Maïs moulu ».

Comme la loi oblige à lister les composants par ordre de poids décroissant avant cuisson, cette division permet à chaque petite portion de maïs d'avoir un poids individuel inférieur à celui de la viande. Résultat ? La « Viande de poulet » apparaît fièrement en première position, alors que si l'on additionnait les trois formes de maïs, le grain serait en réalité l'ingrédient principal de la recette. C'est une illusion d'optique nutritionnelle qui flatte l'acheteur sans changer la gamelle.

Poitrine de poulet crue et pile de grains de maïs jaune sur une balance de cuisine numérique argentée.

Le piège de la viande fraîche vs la viande déshydratée

Une autre nuance cruciale pour les consommateurs belges concerne l'état de la viande listée. Lorsqu'une étiquette mentionne « Poulet frais » ou « Viande de bœuf fraîche » en première position, elle inclut l'eau naturellement présente dans les tissus (environ 75 % du poids). Lors du processus d'extrusion pour fabriquer les croquettes, cette eau s'évapore.

Si vous comparez ce poids « humide » aux autres ingrédients secs comme les céréales ou les pois, la viande semble majoritaire. Cependant, une fois l'eau retirée, la proportion réelle de protéines animales chute drastiquement. À l'inverse, les farines de viande (ou viandes déshydratées) ont déjà perdu leur eau. Il est donc souvent plus honnête de trouver une farine de viande en deuxième position qu'une viande fraîche en première, car la valeur nutritive réelle après transformation sera plus élevée. Ne vous laissez pas séduire uniquement par le terme « frais » sans regarder ce qui suit immédiatement.

Morceau de bœuf cru persillé posé sur une ardoise à côté d'un bol de maïs sous différentes formes.

Les ingrédients à surveiller : le cas des pois et du maïs

En Belgique, la tendance « sans céréales » (grain-free) a poussé de nombreux fabricants à remplacer le maïs par des légumineuses, mais la tactique de fractionnement des ingrédients reste la même. Surveillez les étiquettes qui multiplient les variations d'un même végétal. Vous pourriez trouver simultanément : pois entiers, protéines de pois, amidon de pois et fibres de pois.

Cette « grappe d'ingrédients » est un signal d'alerte. Si vous voyez plus de deux dérivés d'une même plante dans les cinq premiers composants, il est fort probable que cette plante soit la base réelle de l'alimentation, et non la protéine animale. Cette pratique est particulièrement fréquente dans les gammes « premium » vendues en animalerie. Pour démasquer l'astuce, faites l'exercice mental de regrouper tous les dérivés de pois : leur place réelle dans la hiérarchie de la recette deviendra soudainement évidente et souvent préoccupante pour un carnivore.

Gros plan d'une main tenant une loupe sur un sac à main noir brodé, mettant en valeur des motifs circulaires verts et des symboles runiques dorés.

Analyse garantie : l'importance de regarder au-delà de la liste

Puisque la liste des ingrédients peut être manipulée par le fractionnement, l'acheteur avisé doit se tourner vers l'analyse garantie (les pourcentages de protéines, graisses, cendres et fibres). En Belgique et en Europe, ces taux sont obligatoires. Un taux de protéines brutes élevé (supérieur à 30 % pour un chien actif) est généralement un meilleur indicateur que la simple position de la viande.

Attention toutefois : toutes les protéines ne se valent pas. Une étiquette affichant un taux de protéines élevé mais listant de nombreux « isolats de protéines végétales » ou du « gluten de maïs » tire sa force des plantes. Les chiens et les chats digèrent bien mieux les protéines d'origine animale. Vérifiez également le taux de cendres brutes (matières minérales) ; s'il dépasse 8-9 %, cela indique souvent l'utilisation de carcasses ou de morceaux de moindre qualité plutôt que de la masse musculaire noble.

Une femme avec des lunettes regarde dans un petit sac à un bureau avec un ordinateur portable tandis qu'un chien golden retriever est assis à côté d'elle dans une pièce sombre la nuit.

Dépannage : que faire si votre animal ne digère pas ses croquettes ?

Si malgré une étiquette flatteuse, votre chien présente des selles molles, des flatulences excessives ou des démangeaisons, le fractionnement pourrait être en cause. Une alimentation trop riche en glucides cachés (via le fractionnement du riz ou de la pomme de terre) peut altérer la flore intestinale.

Signes qu'il faut changer d'approche :

  • Volume de selles disproportionné par rapport à la quantité mangée.
  • Poil terne et perte de vitalité.
  • Léchage obsessionnel des pattes.

Dans ces cas, ne vous fiez plus au marketing du « Meat First ». Essayez de passer à des marques qui pratiquent la transparence totale, avec des listes d'ingrédients courtes et sans dérivés multiples. En Belgique, certaines marques locales ou spécialisées en « clean labeling » évitent ces artifices. Si les symptômes persistent, une consultation chez un vétérinaire spécialisé en nutrition animale est indispensable pour exclure une intolérance spécifique ou une pathologie sous-jacente.

Conseils d'expert pour un choix éclairé en Belgique

Pour choisir le meilleur pour votre animal dans les rayons belges, adoptez une méthode rigoureuse. Premièrement, privilégiez les étiquettes qui mentionnent des sources de protéines nommées avec précision (par exemple, « Graisse de canard » plutôt que « Graisses animales »). L'imprécision est souvent le refuge de la mauvaise qualité. Deuxièmement, méfiez-vous des termes poétiques comme « Saveurs de la forêt » qui n'ont aucune valeur légale.

Enfin, n'oubliez pas que le prix est souvent (mais pas toujours) un indicateur de la qualité des matières premières. La viande de qualité coûte cher ; des croquettes à prix cassé affichant de la viande en premier utilisent forcément le fractionnement des ingrédients ou des sous-produits de faible valeur. En cas de doute, contactez le fabricant : une entreprise sérieuse doit être capable de vous fournir le taux de glucides (souvent absent de l'étiquette) et la répartition exacte entre protéines animales et végétales.

FAQ

Comment calculer le taux de glucides si il n'est pas sur le sac ?

En Belgique, ce taux est rarement affiché. Additionnez les pourcentages de protéines, graisses, cendres, fibres et humidité (comptez 10 % par défaut pour les croquettes), puis soustrayez le total de 100. Le résultat donne le taux approximatif de glucides (ENA).

Le gluten de maïs est-il mauvais pour mon chien ?

Ce n'est pas un poison, mais c'est une source de protéine incomplète pour un carnivore. Sa présence permet souvent de gonfler le taux de protéines totales à moindre coût par rapport à de la viande.

Est-ce que toutes les marques belges utilisent le fractionnement ?

Non, certaines marques haut de gamme ou éthiques privilégient la transparence. Cherchez des listes d'ingrédients simples où les végétaux apparaissent sous une seule forme (ex: 'Riz complet' uniquement).

Conclusion

Le marketing de l'industrie des aliments pour animaux est passé maître dans l'art de l'illusion. Le fractionnement des ingrédients est l'outil principal pour transformer visuellement une recette riche en céréales en un festin de viande. En tant que propriétaire responsable en Belgique, votre meilleure arme reste l'éducation. Apprenez à regrouper les ingrédients suspects, à évaluer la part réelle de l'eau dans la viande fraîche et à analyser les taux de protéines avec un œil critique.

Si vous avez des doutes sur la santé nutritionnelle de votre animal, n'hésitez pas à consulter un vétérinaire. Une transition alimentaire doit toujours se faire en douceur sur 7 à 10 jours pour éviter les chocs digestifs. Votre vigilance est la garantie d'une vie longue et saine pour votre compagnon à quatre pattes.